Haletant, saisissant comme une tragédie antique, ce livre est surtout une ode à la création, une méditation sur le lien entre le corps et l’âme. C’est aussi un roman de la médecine, qui rappelle ses prouesses, ses limites, ses exigences et ses miracles. Un hymne à la vie.
Le surf passionne Simon Limbres et ses amis. Levés aux aurores, ils partent profiter des vagues, malgré le froid. Au retour, le chauffeur du van s’endort, épuisé. L’accident s’avère fatal pour Simon. Transporté d’urgence en réanimation, le diagnostique ne tarde pas : le sang a envahi son cerveau, impossible de stopper l’hémorragie.
Auparavant, un corps vivait tant que le cœur battait. Or depuis 1959, le concept de mort cérébrale domine. Aujourd’hui, la tête compte plus que tout. Plus que le cœur. Et si celui de Simon bat toujours, son cerveau lâche prise. C’est fini. Encore sous le choc, ses parents se trouvent confrontés à une grave décision : faut-il donner ce cœur qui, lui, reste bien vivant sous la chair de leur fils ? Vite, il faut une réponse. On les presse. Le souffle d’une patiente est en jeu. Ce n’est pourtant pas si simple… Quelle mère, quel père pourrait décider, en quelques minutes, d’abandonner une part si précieuse et symbolique de son enfant ? De couper l’unique fil qui le retient encore sur Terre ?
DON DU CŒUR, DON D’AMOUR
Roman sur une transplantation cardiaque, Réparer les vivants mêle avec brio poésie et termes médicaux. Il pousse à la réflexion sur un débat toujours d’actualité : le don d’organes. Qu’y a-t-il donc d’effrayant à céder son cœur, son foie ou ses reins si cela épargne une vie ? Pourquoi cette idée rebute-t-elle autant ? Sans doute parce qu’un tel procédé s’apparente à la violence, une pratique contre nature, une atteinte à l’intégrité du corps… Probablement parce qu’un organe vivant reste signe d’espérance, l’infime espoir que le patient finisse par se réveiller. Pourtant, Sean et Marianne Limbres acceptent ce morcellement : ils savent que le cœur de Simon peut sauver un être humain. Cette perspective, la plus belle qui soit, fait sauter toutes les barrières. Ils répondent “oui” au don, “oui” pour que l’agonie fasse place à la vie !
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L’auteure s’interroge également sur cette nouvelle conception de la mort, cérébrale, où le corps respire et reste chaud. Cette redéfinition ayant ouvert la voie au don d’organes, les familles concernées font désormais face à des questions morales délicates : comment respecter la dépouille d’un être aimé alors que la loi n’est pas restrictive ? Comment donner et garder en même temps celui qui est parti ?
La réponse s’esquisse au fil des pages : si le cœur de Simon bat dans une autre poitrine, cette partie de lui revit… tout en ramenant la vie.
Finalement, Maylis de Kerangal met en lumière cette puissance bien supérieure à celle de la médecine : le don.

RÉSUMÉ
“Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps.”
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.
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Cela doit être un merveilleux film. J’ai pas le temps en ce moment. Je le verrai plus tard en vidéo via la télé ou à la télé.
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