AU SEUL SOUCI DE VOYAGER de Stéphane Mallarmé

Ah Mallarmé… Quel auteur nébuleux… Le spécialiste des énigmes ! N’a-t-il pas affirmé “Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef ? Et bien aujourd’hui, je te propose un petit jeu : sauras-tu comprendre d’emblée le texte ci-dessous ? Si oui, je te tire mon chapeau ! Pourquoi ? Parce que cet écrivain a littéralement fait de la suggestion une nouvelle langue.

Extrait du recueil posthume Poésies (1899), Au seul souci de voyager évoque les grands aventuriers, ceux qui partent pour partir, sans autre motivation que de poursuivre l’avenir. Associé à “Un oiseau d’annonce nouvelle”“Nuit, désespoir et pierrerie” souligne ici l’ambiguïté entre espoir et angoisse dans cette dangereuse expédition ; tout comme Mallarmé oscille de l’espérance à l’abattement lorsque il traverse sa crise existentielle. Suivant l’exemple des conquistadors, le poète est à ses yeux un baroudeur ayant le devoir d’explorer une contrée alors jugée trop ignorée : le langage.


Au seul souci de voyager 
Outre une Inde splendide et trouble 
– Ce salut soit le messager 
Du temps, cap que ta poupe double

Comme sur quelque vergue bas 
Plongeante avec la caravelle 
Écumait toujours en ébats 
Un oiseau d’annonce nouvelle 
Qui criait monotonement 
Sans que la barre ne varie 
Un inutile gisement 
Nuit, désespoir et pierrerie

Par son chant reflété jusqu’au 
Sourire du pâle Vasco.

Stéphane Mallarmé

Crédit image : Christian Schloe


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