Dans les années 1870-1880, un restaurant appelé la Maison Fournaise accueille les plus grands artistes du XIXe : Claude Monet, Edgar Degas, Auguste Renoir… Mais aussi Guy de Maupassant. Le romancier a d’ailleurs écrit un poème sur le mur du hall d’entrée, Sauve-toi de lui…

Légèrement moqueur, le texte s’adresse à un ami imaginaire. Il débute par une série de mises en garde contre les plaisirs dans les guinguettes. À la dernière strophe, comme une provocation, l’auteur déclare aimer ces divertissements qu’il fait semblant de dénoncer : le canotage, les baignades, le vin, et bien sûr la compagnie des femmes. Pourtant, quelques années plus tôt, Maupassant apprend qu’il est atteint de la syphilis…

Qu’en est-il donc de ce poème ? Réel avertissement ou gentille taquinerie ? Quoi qu’il en soit, l’écrivain résume dans ces quelques vers l’esprit d’une époque libre et joyeuse, celui d’un lieu où se mêlent tous les plaisirs !

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Sauve-toi de lui s’il aboie ;
Ami, prends garde au chien qui mord
Ami prends garde à l’eau qui noie
Sois prudent, reste sur le bord.

Prends garde au vin d’où sort l’ivresse
On souffre trop le lendemain.
Prends surtout garde à la caresse
Des filles qu’on trouve en chemin.

Pourtant ici tout ce que j’aime
Et que je fais avec ardeur
Le croirais-tu ? C’est cela même
Dont je veux garder ta candeur.

Guy de Maupassant