Entre dire clairement les choses et les sous-entendre, quelle est la meilleure option en littérature ? Mallarmé, lui, a fait son choix…
D’abord adepte du Parnasse, Stéphane Mallarmé traverse en 1866 une crise existentielle qui bouleverse ses certitudes. Abandonnant sa première croyance, il imagine une poésie fondée sur la suggestion : “Nommer un objet, c’est supprimer les trois-quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve”… Voilà sa philosophie.
Pour une jeune génération d’écrivains, cet ex critique d’art devient alors le chef de file du Symbolisme, un courant visant à exprimer l’abstrait par le jeu des correspondances, des significations, des allusions. Grâce à la suggestion, le vers se fait couleur, mélodie, sensations…
Selon Mallarmé le poète doit “tout reprendre à la musique”, “peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit.” Créant un langage inédit, il déconstruit la syntaxe, choisit des mots rares, en invente de nouveaux (tel que “ptyx” pour le Sonnet en -yx).
Adoré par certains, d’autres lui reprochent néanmoins le côté gratuitement obscur de sa poésie, difficilement accessible – voir compréhensible – mais si chantante, colorée, déclencheuse d’images étonnantes.
L’INSPIRATION DES ARTISTES
Cet écrivain torturé ne cesse donc d’influencer les artistes, quels qu’ils soient. Si Guillaume Apollinaire emprunte au Coup de dés la disposition des vers pour ses Calligrammes, la génération surréaliste s’intéresse à l’œuvre mallarméenne dès les années 1920 : des peintres tels que Pablo Picasso et Henri Matisse découvrent en lui une importante source d’inspiration, puisant leur génie dans sa philosophie. De la même façon que Mallarmé démonte la grammaire, ces cubistes disloquent l’espace, les objets et les corps en formes géométriques, s’affranchissant de la perspective… Tout comme leur auteur modèle cherchait à se libérer d’un carcan stylistique jugé trop formel.
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Aujourd’hui encore, les mystères du Livre ou d’Igitur fascinent les contemporains. Parmi toutes ces œuvres, une se démarque par l’intérêt qu’elle suscite : Le Coup de dés. Projet ultime du poète resté inachevé, elle déborde d’une modernité difficile à déchiffrer.
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