Quelles espérances ont bercé la jeunesse de nos grands-parents ? Par quel regard observent-ils la jeune génération ? Que nous souhaitent-ils aujourd’hui ? Avec Rêveries, Juliet O’Brien ouvre la porte aux rêves des personnes âgées… Pour mieux considérer les nôtres.
Un jour, par hasard, Juliet O’Brien redécouvre ses journaux intimes, rédigés pendant son adolescence et les prémices de sa vie d’adulte. Ces carnets retracent ses aventures, ses rêves d’autrefois.
Surgissent alors une foule d’interrogations, un besoin de réponses qu’elle part immédiatement chercher auprès des générations qui nous ont précédé. En leur posant trois questions toutes simples – Quand vous étiez jeune, à quoi rêviez-vous ? Est-ce que vos rêves se sont réalisés ? Quel regard posez-vous sur la jeunesse actuelle ? – l’auteure et metteure en scène tend à nos aînés un porte-voix magique. De leurs témoignages précieux, elle crée un écho à l’Histoire, un pont entre le monde d’hier et d’aujourd’hui.
Donnant la parole à nos aïeux, Rêveries nous embarque dans les destinées de Clotilde, Lucien, Suzanne, Alain, Farid et Patricia.
À leurs côtés, le public revit les aspirations d’une jeunesse passée par la Seconde Guerre mondiale, la migration rurale vers les villes, la guerre d’Algérie, les bouleversements sociaux et économiques des années 60 à 90.
TOURNENT LES RÊVES DANS LE MANÈGE DE L’HISTOIRE
Troisième épisode d’un triptyque “dont l’écriture théâtrale est née d’une parole vraie”, la mise en scène place l’acteur au centre. Va-et-viens, tournantes et voltes-faces rythment les permutations des personnages. Rien qu’un échange d’accessoire – une Suzanne jeune fille nouant son foulard autour du cou de Suzanne vieille dame – marque le passage d’adulte à personne âgée.
Voici d’ailleurs le seul décor : quatre porte-manteaux. Soit quatre vestiaires attribués à quatre comédiens virtuoses, au jeu d’une immense justesse. Un chapeau, un balai, un tablier suffisent à Isabelle Labrousse, Marion Träger, Alexandre Delawarde et Kamel Abdelli pour caractériser les multiples protagonistes qu’ils interprètent. La lumière et la musique font le reste, partenaires exceptionnels qui animent mille espaces.
Toutes ces personnes ont bravé des tempêtes en relativisant les défis qu’elles ont eu à surmonter, à 14 comme à 99 ans.
Est-ce le hasard de mon échantillon ou la preuve que le désespoir n’a pas fini de faire face à de solides adversaires qui s’incarnent dans un mot : l’espoir ?
Juliet O’Brien
DE L’ESPOIR AUX COMPROMIS ?
Si les premières périodes montrent une existence rythmée par le devoir et les responsabilités, les suivantes sondent le plaisir dans le travail, les idées soixantuitardes, les débuts de l’indépendance pour les femmes… Jusqu’à ouvrir la porte aux rêves. Hourra ! Seulement voilà : entre leur conscientisation et leur réalisation, il y a plus d’un pas. La faute aux obstacles générés par la mutation constante de notre société. Vaste débat philosophique où valsent les compromissions : “Il ne faut pas espérer la même chose, il ne faut pas avoir les mêmes rêves, je pense que c’est comme ça qu’on se sort de la vieillesse, en s’adaptant.”
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Plus le corps social se transforme, plus les rêveries s’imposent avec force. Hélas, leur non-accomplissement s’avère une source d’aigreur et de désenchantement. Pourtant, que ferions-nous sans les rêves ? Où seraient les perspectives, l’optimisme, les idéaux ? Qu’importe les désillusions, nos grands-parents, heureusement, continuent à rêver pour nous : “Je rêve pour les jeunes, pour mes filles, mes petites-filles, pour tout le monde, qu’ils suivent pas les mauvais chemins … Qu’il y ait de l’amour entre les hommes et les femmes, qu’ils soient unis pour construire quelque chose (…). La jeunesse c’est la fleur de la personne, y a pas mieux (…).”
Dans cette création, Juliet O’Brien touche à l’intime, jouant avec le temps qui déroule le fil de nos désirs. Plus que jamais, ces sujets nous taraudent, comme un bilan à réactualiser sans cesse. C’est un voyage plein de poésie, où nos doutes révèlent la profondeur de notre humanité.
Rêveries
Présence Pasteur
Texte et mise en scène de Juliet O’Brien.
Dates et horaires : Tous les jours à 19h45 sauf le lundi.
Tarifs : de 10€ à 20€.

RÉSUMÉ
Rêveries est le troisième volet d’un triptyque écrit à partir des rêves de trois générations. Ici, nous portons à la scène la jeunesse de nos aînés et les suivons tout au long de leur vie, témoignant de leur dynamisme, de leurs peurs, leurs rêves, leurs espoirs. Comme dans une danse, les comédiens se transforment pour donner vie à ces multiples récits et nous entraînent dans une joyeuse ronde, passant avec virtuosité d’une époque à l’autre.
Des témoignages tendres et percutants, chargés d’Histoire, comme un pas sur le côté pour mieux comprendre notre temps.
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