JE VOUS ÉCOUTE : Affrontement thérapeutique made in Bénabar

Venez prendre un bon bol de rires avec Je vous écoute ! A l’affiche du théâtre La Divine Comédie jusqu’au 5 janvier, cette pièce coécrite par Bénabar montre un humour des plus subtils, où les fans de Freud en prennent pour leur argent. 


Un homme encore jeune s’installe à son bureau. Côté jardin, un fauteuil long. Au centre, une armoire en fer blanc, où un balai livre bataille à quelques bouteilles. Ce placard s’avèrera lui-même un personnage à part entière, détail indispensable au déroulé de Je vous écoute, vrai vaudeville dans un lieu que le théâtre aime tant moquer : le cabinet du psychologue

Mais chut… On sonne à l’interphone. Voilà que déboule sur scène un bel énergumène aux allures de sans-abri. Furieux, il veut tout faire sauter ! Au sens propre du terme. Et pour cause… Sa femme vient de le quitter. La faute à ce médecin de l’âme qui, depuis deux ans, s’entretient régulièrement avec la belle. 



DUEL PSYCHÉDÉLIQUE

Cuisiniste de son état, l’époux trahi joue les gros bras. Inquiétant, agressif, désagréable. Grande gueule aussi. Pas très malin parfois. Mobile, ce Don Quichotte au cœur tendre mène pourtant la danse, donnant au spectacle une couleur tonique et drôle. Eric Fardeau, sans dénaturer la vulnérabilité du conjoint largué, lui apporte toute sa cocasserie. 

En face, suffisant, méprisant jusqu’à l’insulte, Guillaume Taillefert incarne un thérapeute jouissivement critiquable. Les boutades fusent : “Si une radio annonce une maladie, c’est pas la faute du radiologue” se défend le psy, refusant de porter la responsabilité du départ de madame. Une madame – élégante Irène Cazanave – qui finit elle-même par débarquer en consultation. De quoi multiplier les situations tordantes !

Au cordeau, les acteurs jaillissent leurs répliques, se coupant et s’entrecoupant quasi spontanément. Chaque élément du décor, ne serait-ce qu’un presse-livre, vient servir leur jeu. Cette fluidité, qu’ils rendent naturelle, soutient un rythme cadencé où les temps morts n’ont pas leur place

Guillaume Taillefert se demande bien ce que son patient surprise Eric Fardeau compte faire de sa grenade…

AU DÉTOUR DE L’INCONSCIENT

Enlevée, la pièce – écrite par Bénabar et Hector Cabello Reyes – raille sans malveillance la psychanalyse, dont elle donne une image assez fantasque. “C’est une simple comédie avec la volonté de faire rire, mais aussi la prétention d’éclairer nos incohérences, nos failles et nos misères”, explique le chanteur lorsqu’il monte cette histoire pour la première fois, en 2016.

Vous l’aurez compris : le ressort de l’intrigue tient au duel à fleurets (plus ou moins) mouchetés des deux protagonistes. Entre le mari un peu beauf, hargneux mais incertain de ce qu’il est venu chercher, et le praticien qui fendille l’armure, la confrontation vire à une psychothérapie des plus surprenantes. 

Au passage, les adeptes de Freud en prennent joyeusement pour leur grade !

Je vous écoute
A la Divine Comédie jusqu’au 5 janvier 2025.
Mise en scène de Christophe Som.


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