CARMEN : De l’opéra au théâtre, une immersion enflammée

Sortant la légendaire gitane des dorures de l’opéra, la compagnie Mandragore Anima nous embarque dans un spectacle immersif où le public fait corps avec les protagonistes. 


Qui ne connaît Carmen, la fameuse cigarière accro de liberté ? Qui n’a jamais fredonné Torreador ou L’amour est un oiseau rebelle, ces tubes où Bizet célèbre la passion ? Étant justement si proche de la haine, l’amour joue ici au coude à coude avec la mort. 

“Elle le quitte, il la tue.” La phrase choque ? Elle est pourtant le reflet d’une réalité quotidienne. Parce que, Carmen, c’est aussi le lieu d’une tragédie, l’histoire d’un féminicide

Dans le cadre intimiste du théâtre Montmartre Galabru, la compagnie Mandragore Anima reprend l’inoubliable conte de Prosper Mérimée, l’adaptant cette fois-ci en pièce. Leur création n’en exclut pas pour autant la musique : mêlant art dramatique, chant et danse, le metteur en scène Fidel Pastor Sanz propose une réinterprétation contemporaine pleine de dynamisme et de charme.  

UNE IMMERSION HAUTE EN COULEURS

Cette version respecte les thèmes phares de l’intrigue, valorisant à sa manière la confrontation entre liberté et fatalité, les sentiments passionnels et les conséquences dévastatrices d’un amour possessif. Certains éléments, comme la mise en abîme de la scène finale, mettent l’accent sur le féminisme et la modernité du personnage principal. 

L’insertion de Prosper Mérimée en compagnon de cellule de don José permet une narration interactive où le public peut se projeter dans le récit. D’autant plus que les comédiens déambulent de temps à autre dans les allées, créant une vraie proximité. Le spectacle en devient immersif, porté par une énergie communicative et des moments musicaux fédérateurs



ÉNERGIE VIRALE

Constance Parra, débordante de sensualité, incarne une Carmen qui bouillonne d’ardeur. Sans doute un peu trop… Poser davantage sa voix – parfois hurlée – lui ferait gagner en intensité. Serait-ce pour compenser son partenaire ? Trop appliqué sur ses transitions, David Sentkar perd en justesse et interprète un don José assez linéaire. 

Félix Bony et Mathilde Roger, eux, changent de peau comme de chemise, passant d’un rôle à l’autre avec un naturel déconcertant. Ils prouvent par A + B que Stanislavski avait raison : “Il n’y a pas de petits rôles, que des petits acteurs.” De Prosper Mérimée au chef des contrebandiers, Laurent Kiefer, plus pondéré, personnifie la figure paternelle, débonnaire. Cerise sur le gâteau : il manie la guitare avec brio ! 

Mais la vraie surprise de cette production, c’est Léna Leroy. Représentant le Destin – allégorie inventée pour la mise en scène – merveilleusement juste, tant dans son jeu qu’en musicalité, elle illumine la scène

Quoi qu’il en soit, la complicité entre ces artistes booste une qualité d’écoute exceptionnelle, où chacun est au diapason de son partenaire. Contagieuse, leur vitalité nous électrise. Du début à la fin.  

Carmen
Au Théâtre Montmartre Galabru jusqu’au 30 avril 2025.
Une pièce mise en scène par Fidel Pastor Sanz avec : Constance Parra, David Sentkar, Félix Bony, Léna Leroy, Laurent Kiefer, Mathilde Roger.


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