La vie joue parfois de ces tours ! Avec Un père à aimer, Michaël Louchart propose un seul en scène à personnages multiples sur la parentalité, la transmission et la tolérance, où l’on rit sans retenue ni mauvaise conscience.
Lille, juillet 1998. Imaginez la scène. Nous sommes en pleine victoire des Bleus. Le smartphone n’existe pas encore, ni les réseaux sociaux. Soudain, votre bon vieux Nokia sonne. Deux messages. L’un vous réclame à l’autre bout de la France, au chevet de votre père mourant. Le second… Et bien… Le second vous annonce l’arrivée imminente de votre premier enfant. Que choisiriez-vous ?
Vaste question ! Guillaume, lui, fonce d’emblée vers son patriarche. Il faut dire que ce père le laisse dans une relation floue, une image et un modèle paternel obscures. Bref, quelques petites choses restent à régler avant de rencontrer son propre fils.
Faisant foin de philosophie, cet étonnant seul-en-scène aborde des sujets mordants avec légèreté, mais non sans finesse : Quelle est la place de la transmission ? Comment marcher droit quand “on a été élevé dans le mensonge permanent des sentiments” ? En tombant d’abord. Chuter jusqu’à se rattraper. Et puis, accepter. Admettre que la vie comprend sa part de mystères : “Il y a des questions auxquelles on ne peut pas répondre. Ça enlève de la magie de répondre à tout, tout le temps.”
UN « ROAD MOVIE » ÉMOTIONNEL
Truculente, cette tragicomédie respire le vécu autant que la tendre gouaillerie. C’est du rire sans retenue ni mauvais esprit, un boosteur de sérotonine. Pourtant, ça pèche un peu en profondeur : on aimerait des détails concernant les déchirements de Guillaume, ses rapports familiaux, les retombées d’un voyage dans le sud en pleine naissance de son bébé… Montrer davantage les conséquences de ses décisions donnerait plus de corps à l’intrigue.
Sur scène, rien. Aucun décor ni accessoire. Michaël Louchart n’a que lui-même pour restituer un texte aussi drôle qu’émouvant. Soutenu par une bande son éclectique, l’art du récit chevillé au cœur, il interprète pléthore de personnages, de tout sexe et de toute condition, entraînant aisément le public dans son imaginaire. Incroyablement doué en mime et bruitage, l’acteur parvient à faire rire de réalités graves, comme seuls y arrivent les grands artistes.
La mise en scène de Mélanie Sandt, proche d’un scénario, nous plonge dans les méandres d’un homme en manque de repères. Rythmée, elle prend en toile de fond la France des années 90, celle du Dîner de cons, des Guignols, du joyeux tourbillon black-blanc-beur.
Un cadre plus qu’adéquat pour ce spectacle qui provoque une furieuse envie de dire… “Je t’aime.”
Un père à aimer
La Folie Théâtre Théâtre
Mise en scène de Mélanie Sandt, avec Michaël Louchart.
Tous les dimanche à 19h jusqu’au 11 mai 2025.

RÉSUMÉ
Le 12 juillet 1998, pendant l’euphorie de la victoire de la Coupe du monde de football, Guillaume Letertre reçoit deux messages vocaux sur son Nokia 5130. Sa vie bascule… Un seul en scène à multiples personnages, drôle et émouvant sur la parentalité, la transmission, l’amour. Un récit de vie empreint d’humanité, de tendresse et d’humour dans lequel on s’identifie immanquablement. Un seul en scène pour tous les pères et pour ceux et celles qui en connaissent…
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