Après le succès Des Chèvres en Corrèze, la compagnie belge Les Chevals de Trois revient avec une nouvelle pépite, hymne magnifique à l’humanité : Les Rossignols du Carnage.
Voici l’histoire d’un homme dont l’existence n’est qu’une longue descente vers le chaos. Désillusions, course à la réussite, besoin de perfection frustré par d’inévitables échecs l’amènent vers une vraie solitude, « un appétit insatiable de quelque chose qui s’échappe en permanence. »
Cahin-caha, notre Charlot des Temps modernes bascule dans la folie… Jusqu’à ce que sa route croise celle du théâtre. Oui, du théâtre et de ses fantasmes, comme une bouffée d’oxygène au fin fond des abysses. Le théâtre qui exalte le pouvoir du récit, de la rencontre et de l’échange contre l’indifférence. Le théâtre en fenêtre ouverte vers l’imaginaire, la créativité, l’affect, l’instinctif, que notre société si rationnelle étouffe. Le théâtre appelant notre ventre, notre cœur, à prendre le pas sur la raison pour mieux se recentrer, s’écouter, s’aimer.
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ATTENTION AU CHANT DU ROSSIGNOL
Avec Les Rossignols du Carnage, Dimitri Lepage et Mathieu Laviolette racontent un voyage touchant, aussi drôle que troublant, dans l’intimité d’une vie en cours de rédemption. Sous l’impulsion d’un mystérieux personnage – esprit, projection fantasmagorique ou sa propre conscience ? – l’Homme revient sur ses faux pas, ses victoires, ses mauvais choix. Malicieusement, apportant une touche comique qui allège l’atmosphère, son étrange acolyte le met constamment face à ses contradictions.
Imperceptiblement, leur dialogue nous confronte, nous aussi, à certaines réalités que l’on ne peut s’empêcher d’interpeller : suis-je un raté ? Ai-je coché toutes les cases ? En quoi me suis-je accomplie ? Dois-je engourdir mes talents, ma santé, mon originalité au profit de la sécurité ?

LE RÉCIT COMME REMÈDE AU VIDE
Puissants, les acteurs habitent une scène encombrée de matériaux divers, explosion d’objets épars. D’une extrême justesse, ils cisèlent leur diction et leur gestuelle, montrant une grande expressivité corporelle. La scénographie de Jérôme Jacob-Paquay joue d’ailleurs sur leurs corps, la lumière, les sons, dans une chorégraphie qui transcende la poésie du texte.
Plutôt que d’annoncer le printemps, ces rossignols-ci nous invitent à reprendre la main sur nos choix, nos conduites, nos désirs. Comment ? Par la rencontre, l’interactivité, la passion.
Un bel hommage à “ceux qui se plantent”, aux “don Quichotte”, “aux grands récits qui nous façonnent, aux petits récits qui nous fabriquent” et qui, peut-être, pourraient nous sauver du néant.
Les Rossignols du Carnage
Théâtre Episcène, Avignon
Mis en scène de Jérôme Jacob-Paquay.
Du 5 au 26 juillet.

RÉSUMÉ
Dans un monde post-apocalyptique, deux hommes à la dérive se rencontrent au bord du gouffre. Tous deux savent que la fin est proche. Alors, pour célébrer ce qu’il reste d’humain en eux, ils décident de se raconter « la dernière histoire de l’humanité ». Une fresque intime et poignante où les échecs du monde résonnent avec leurs propres failles, entre confrontation et tendresse.
Une pièce qui s’élève contre ces « rossignols du carnage » qui, voyant arriver la catastrophe, l’accueillent avec bonheur, chantent derechef et projettent chacun de nous avec eux dans le mur. Qui nous coupent de nous-mêmes, nous rendent étrangers les uns aux autres, et corrompent nos récits. Avec cette ode aux Don Quichotte, aux losers et à tout ce qui rend la vie précieuse, nous voulons essayer de chanter plus fort qu’eux.
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Les rossignols du carnage….un vrai Bonheur…humilité, sincérité, résilience, petit chef d’œuvre de pure et belle humanité….
Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage par leurs présences, nous proposent un univers où nous reconnaissons nos propres joies, peines, faiblesses mais aussi notre rencontre avec l’envie et la nécessité de reprendre confiance en la Vie, notre Vie…
Plus qu’un merveilleux voyage dans les profondeurs de l’humain, une renaissance….
Spectacle à voir et revoir encore et encore….merci Mathieu, Dimitri, Jérôme…
Sarah Guéret
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