LES ENFANTS DU DIABLE : Hommage aux orphelins des Camin 

Dans sa nouvelle pièce Les Enfants du Diable, Clémence Baron raconte sur la scène du Studio Hébertot une histoire des plus bouleversantes : celle inspirée de sa sœur Mirela, adoptée après avoir passé douze ans dans un Camin Spital — ces orphelinats roumains qui, loin d’être des lieux d’accueil, tenaient davantage du mouroir que du refuge éducatif.


Après le succès de son seul-en-scène humoristique Authentique en 2022, Clémence Baron renoue avec le drame. Les Enfants du Diable, à l’affiche du Studio Hébertot jusqu’au 24 mars, plonge son public dans le passé douloureux de la Roumanie. Le « Diable », c’est Nicolae Ceausescu, ancien président de la République socialiste de Roumanie (1974-1989) ; les « enfants », ce sont ceux sacrifiés sur l’autel de sa politique nataliste délirante.



Nourrie par son vécu personnel, Clémence Baron révèle ici un grand talent, aussi bien dans l’écriture que par l’interprétation. À travers les retrouvailles d’une fratrie, séparée depuis vingt ans, la pièce montre en miroir cette distance qui divise la Roumanie d’hier de la Roumanie d’aujourd’hui, intégrée dans l’Union européenne.

UN PASSÉ À RECOMPOSER

Nous sommes à Bucarest, en 2009. Quelqu’un frappe à la porte de Niki : c’est Véronica, rentrée de Paris où elle est devenue une célèbre chanteuse. Enceinte jusqu’aux yeux, cette grossesse la terrifie, réveillant des questions restées sans réponses. Son retour soudain ranime blessures et incompréhensions : elle est partie, « comme ça », laissant derrière elle un frère traumatisé, une sœur malade, un pays en ruines. Désaccords, méprises, dépit… Le temps d’une nuit, les deux jeunes gens vont tenter de faire la lumière sur ce passé d’absence, de silence, où leur nation a changé, et eux avec elle. 

Le jeu intense des comédiens, la mise en scène sobre, presque naturaliste, mettent en valeur un texte sincère, puissant, dépouillé d’artifices. Accompagnée d’Antoine Cafaro, Clémence Baron forme un duo d’une rare évidence, traversé par une tension palpable, faite de colère, de tendresse et de réconciliation progressive. Le rythme, maîtrisé, suit l’évolution des émotions, des rancunes aux révélations.

Par cette pièce, Clémence rend un hommage vibrant aux milliers d’orphelins roumains abandonnés dans les sinistres orphelinats du régime Ceausescu. Une page d’Histoire longtemps ignorée, que Les Enfants du Diable exhume avec une force et une humanité à la puissance démentielle. Mulțumesc.

Les Enfants du Diable
Studio Hébertot
Mis en scène de Patrick Zard
Jusqu’au 24 mars 2026


En savoir plus sur Nom d'une plume !

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire