DEUX HEURES APRÈS MINUIT : L’écho des maquis de Jean-François Deniau

On connaît les combats de Jean-François Deniau, tout au long de sa carrière, puis contre la maladie. Voilà un récit rempli d’anecdotes, de réflexions, voire de clés pour comprendre la politique internationale et les mouvements de résistance dans certaines zones du monde à la fin du XXème siècle. Un livre digne des grands reporters baroudeurs !


Quelle vie ! Comment Jean-François Deniau, ministre et ambassadeur français, s’est-il retrouvé dans la résistance afghane ? Pour combattre ce qu’il appelle “cette nouvelle forme de barbarie” : l’indifférence. Si Deniau rejoint les maquis afghans, c’est par devoir moral, sans injonction du gouvernement. Au contraire, il ne bénéficie d’aucun passe-droit, risquant sa vie autant que les autres maquisards. Pourquoi ? Parce qu’ “il n’y a qu’une seule réponse à l’ordre de se taire : parler. Afin de mieux comprendre l’histoire, resituons-la dans son contexte.



Jean-François Deniau commence Deux heures après minuit par une nuit de garde, celle du 31 décembre au 1er janvier 1985. Avec ses compagnons, il se trouve dans la province de Kounar, occupée par les troupes soviétiques. Mais qu’est-ce que les Russes font alors en Afghanistan ? Dans les années 70, le pays entretient des relations privilégiées avec l’URSS et met en place une série de réformes qui contrarient les coutumes traditionnelles. Une partie des Afghans entre donc en résistance contre le pouvoir central – soutenu par l’Union Soviétique – et organise un coup d’État le 28 décembre 1979 : c’est le début de la première guerre d’Afghanistan. À partir de janvier 1980, l’URSS intervient pour reprendre le contrôle. Face à l’occupant, un mouvement de rébellion national, mené par Ahmed Chah Massoud, se forme progressivement. Deniau, à l’époque député au Parlement européen, se retrouve plusieurs fois sur place pour des missions diplomatiques. Très vite, il rejoint les rebelles.

Ahmed Chah Massoud, chef de l’Armée islamique parmi ses moudjahidines. Constitué de 9 000 résistants faiblement armés, le mouvement tient tête aux colonnes blindées soviétiques dix années durant. © Reza (1985)

NOS DROITS, SA BATAILLE

Son combat en faveur des droits de l’Homme le conduit également au Cambodge, auprès des insurgés qui luttent contre les Khmers Rouges, au Front populaire de l’Érythrée, en Angola, ou chez les Indiens Miskitos du Nicaragua. Au fil de son aventure afghane, l’ancien ministre jalonne son récit des expériences vécues parmi ces différents peuples, tous victimes d’une dictature ou d’un régime étranger.

Dans un tel contexte, beaucoup auraient pensé comme Deniau, mais combien seraient partis prêter main-forte aux maquisards ? Comment cet homme a-t-il eu assez d’audace pour rejoindre la résistance ? Grâce à un immense courage ? Pas seulement : pour ce politicien hors du commun, il s’agit surtout de dire ce qu’il croit et de faire ce qu’il dit

©Olivier Jobard pour Le Figaro (image de couverture)


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